On ne présente plus Ben. Du haut de ses 78 ans, cet artiste-peintre connu et reconnu, souvent décrié, expose pour la deuxième fois à la galerie Marlborough à Monaco avec « Ben sur Ben ». Rencontre.
Propos recueillis par Anne Lombardo
Pouvez-vous nous parler de « Ben sur Ben », votre nouvelle exposition…
Avec Ben sur Ben, j’expose des nouveaux tableaux mais également de vieilles pièces, dont une qui date de 1960. J’aurai pu choisir un thème sur l’art, la culture… mais j’ai choisi de porter l’exposition sur Ben. Avec Ben sur Ben, je ne veux pas me cacher. C’est comme si j’étais face à un miroir, face à moi-même, et que je me demandais pourquoi je peins. Je trouve que l’égo est derrière tout art. Il y a quelques années j’ai fait une exposition tournée vers « Les autres ». C’était le rapport de l’artiste à l’autre. Dans cette nouvelle exposition, c’est le rapport de l’artiste à lui-même. Je creuse toujours la même matière : l’égo, présent dans toutes les œuvres d’art. C’est un genre d’introspection et une autocritique autour de moi-même. Mais Ben aussi aime rire et faire rire. Ben sur Ben se moque aussi de lui-même.
Quelle est votre façon de travailler ?
J’ai toujours été fasciné par les questions et le doute… Pourquoi on peint ? Pourquoi l’art ? La matière avec laquelle je travaille ce sont les mots, mais des mots qui posent des questions et qui cherchent à savoir pourquoi et qui doutent… qui sont parfois de l’introspection ou de la prétention inutile. Les gens me prennent parfois pour un rigolo ou quelqu’un qui signe n’importe quoi, mais en réalité je suis un théoricien. Je théorise avant de peindre. Je pose des questions et je me pose comme théoricien avant de me poser en peintre.
Allez-vous dans les musées ?
Je vais vous faire un aveu… j’y vais, mais rarement. J’aime bien les musées mais la culture elle-même me donne l’impression d’être une mayonnaise. On est pris au piège d’une culture « mayonnaise »… Je ne dirais pas le mot « manipulation » mais presque. J’ai vu la rétrospective Matisse à Nice, celle sur Picasso à Monaco. Je vais au musée de temps en temps mais j’y vais plus en tant que critique d’art, mon premier métier, qu’en touriste. J’aime donner mon avis par rapport à ma vision de ma culture.
À quel moment êtes-vous devenu un artiste ?
« Je suis devenu un artiste quand je me suis trouvé en compétition avec d’autres artistes. Armand, c’était l’accumulation, César, la compression… et moi j’ai amené à l’art la vérité et les écritures. Quelque part, on peut dire que l’art est une compétition.
Aujourd’hui, où en êtes-vous par rapport à l’art ?
Mes derniers travaux concernent l’égo de l’artiste alors je dirais que je suis dans une période philosophique où je me pose des questions. Je pose plus de questions que je ne donne de réponses… avec toujours une recherche de vérité. Pour les réponses, je n’en ai pas toujours… je fais des propositions de réponses. Je suis d’ailleurs en train de préparer un livre sur la culture et la politique internationales car quand un peuple défend sa culture c’est une question de politique internationale. Ce livre s’appellera peut-être « Ben ministre des affaires étrangères ».
Et si vous deviez résumer votre parcours ?
Toujours à la recherche du nouveau et de la vérité.
Est-ce que vous prévoyez d’arrêter ?
J’y pense souvent, mais je n’y arrive pas car il y a l’égo. L’égo est un moteur. Un engrenage. Quand on est artiste c’est difficile de se retirer et de s’arrêter car la jalousie, l’ambition… nous poussent à ne pas le faire.
Ben sur Ben
Du 5 décembre au 31 janvier 2013
Galerie Marlborough
4 quai Antoine 1er
Monaco
www.marlborough-monaco.com