Les mots d’une photographe pour se raconter, dire l’essence de son travail et revenir sur le bel échange qui s’est instauré entre elle et la compagnie des Ballets de Monte-Carlo.
A l’occasion de l’exposition Around M(e) avec un M majuscule comme Maillot, Alice Blangero s’est livrée au jeu de l’interview pour RIVIERA MAGAZINE. Rencontre avec une artiste dans le plus simple appareil… photo !
photo portrait d’Alice Blangero © Jeroen Verbruggen
RM : Quel axe de vision avez-vous adopté dans votre approche des Ballets de Monte-Carlo ?
AB : Des répétitions en studio jusqu’à la scène, mon travail consiste principalement en la réalisation de reportages photographiques sur les créations de Jean Christophe Maillot, des chorégraphes invités et des jeunes chorégraphes danseurs de la compagnie… La première phase, celle de la création et des répétitions m’offre une proximité et une complicité avec les danseurs et le chorégraphe que la scène ne permet pas. J’envisage ces moments comme des séances de portraits inhabituelles où le danseur prend le pas sur la danse et, oubliant l’appareil photo qui le scrute, s’abandonne dans un geste, un mouvement, prolongement de lui-même et qui va au-delà de l’exercice. Il en est de même pour la photographie qui doit aller au-delà de ce qu’elle représente en restituant l’émotion d’un instant. L”exposition Around M(e), autour du travail de Jean Christophe Maillot et des Ballets de Monte Carlo, rassemblera une centaine de photographie. La sélection sera concentrée sur ces moments privilégiés…
RM : Comment devient-on photographe d’une compagnie de danse?
AB : Dans mon cas c’est arrivé un peu par hasard… En 2010 j’ai été contactée pour réaliser des reportages dans le cadre du Monaco Dance Forum. Avant cela je n’avais jamais travaillé pour la danse. Mon cercle intime étant composé de danseurs, j’allais voir des spectacles mais je n’avais pas les connaissances techniques liées à cette pratique photographique. A partir de 2011 J’ai travaillé plus régulièrement avec les Ballets, et depuis 2013 j’y travaille quotidiennement.
RM : La danse était déjà une passion pour vous, ou vous y êtes-vous initiée sur le tas ?
AB : La danse n’était pas une passion, mais j’y étais sensible. Ce sont les danseurs qui m’ont fait aimer la danse.
Ballets de Monte-Carlo copyright Alice Blangero
RM : Dans vos photos, l’emploi du noir et blanc revient souvent ? Pourquoi ? Pour signifier la dimension reportage en coulisses pendant les répétitions ?
AB : C’est vrai, le noir et blanc est très présent dans mon travail pour plusieurs raisons mais particulièrement par goût. Il suggère effectivement la dimension reportage, même si il m’arrive de l’employer pour la scène. Et surtout il permet de limiter certaines associations de couleurs douteuses pendant les répétitions.
RM : Qu’est-ce qui vous intéresse dans la photo d’un ballet ou d’un danseur ? A quoi vous attachez-vous ? L’expressivité ? La gestuelle chorégraphique et sa précision technique ? Vous privilégiez corps et/ou visage?
AB : C’est l’émotion qui me guide. Qu’elle vienne du corps ou du visage. Pour moi la technique est indispensable mais insuffisante seule. Les photos doivent aller au-delà de ce qu’elles représentent et c’est la même chose pour les danseurs…
Ballets de Monte-Carlo copyright Alice Blangero
RM : Une exposition va vous être consacrée cet été ? Quelles en seront les grandes lignes ? Portrait de danseurs et danseuses, tableaux d’ensemble, comment opère-t-on un choix parmi tant de photos et qu’avez-vous envie de transmettre par le biais de ces photos ?
AB : Oui, c’est la Direction des Affaires Culturelles de Monaco qui présentera l’exposition Around M(e) en juillet. Je suis très heureuse et honorée et j’ai aussi l’impression que cela arrive au bon moment. Jean-Christophe Maillot a fêté ses 20 ans à la direction des Ballets, de mon côté je commençais à ressentir l’envie de montrer mon travail différemment et dans un autre contexte.
Le portrait aura une grande place dans l’exposition. Réussir à montrer la danse de cette façon est au cœur de ma démarche. Il y aura une centaine de photographies en répétitions, sur scène, en coulisses, principalement sur le travail de Jean Christophe mais aussi sur celui des chorégraphes invités (dans le cadre du Monaco Dance Forum) et des jeunes chorégraphes danseurs de la compagnie. J’avais envie de partager les émotions de ces moments privilégiés et le respect et l’admiration que j’ai pour les personnes avec qui je travaille.
RM : Enfin, depuis combien de temps travaillez-vous avec les ballets de Monte-Carlo et Jean-Christophe Maillot ? Celui-ci a-t-il des demandes spécifiques par rapport à votre travail?
AB : Pour résumer, 2010 : première collaboration pour le Monaco Dance Forum qui célèbre le centenaire des Ballets Russes. De 2011 à 2012 : collaborations ponctuelles, régulières, sur les créations, répétitions, imprévus, Gala de l’Académie Princesse Grace etc… Engagée depuis début 2013, je continue les missions citées ci-dessus, auxquelles s’ajoutent ma venue sur certaines tournées, l’archivage des photos etc… Globalement Jean Christophe me laisse une grande liberté dans mon travail. Mais je connais ses attentes… J’essaie d’y répondre et de le surprendre aussi.
Propos recueillis par Franck Davit pour RIVIERA MAGAZINE
Ballets de Monte-Carlo copyright Alice Blangero
Exposition Around M(e) – Galerie du Quai Antoine 1er, Monaco.
Du 12 au 27 juillet.