Le 13 septembre prochain, en Principauté de Monaco, Anna Karenina, un spectacle présenté par la compagnie Eifman Ballet de Saint-Pétersbourg, est à l’affiche. Evénement.
Une programmation de spectacles haut de gamme, à la large palette d’émotions, entre opéra, comédie musicale et grands rendez-vous chorégraphiques. Car, outre sa vocation de palais des congrès, de lieu d’exposition etc, l’ADN du Grimaldi Forum, tout près de la plage du Larvotto, c’est aussi des salles de représentation, étroitement liées aux productions des Ballets de Monte-Carlo et à leurs prestigieux invités. Mais ici, la danse, décidément chez elle au sein de ce grand vaisseau de verre et d’acier, s’illustre encore sous d’autres couleurs, dans une belle politique d’accueil de spectacles sans frontières. Après l’ébouriffant Revolucion, un show qui fait le tour du monde et qui a électrisé le Grimaldi Forum au printemps dernier, place en cette fin d’été à un tout autre art du ballet, avec Anna Karenina. Une merveille chorégraphique venue du froid, dans le sillage d’une grande maison russe de la danse, la compagnie Eifman Ballet. Rien à voir avec un énième avatar de ces ballets, menés comme une charge de grosse cavalerie par des promoteurs de spectacles, uniquement soucieux de faire du chiffre sur le dos de la grande tradition de la danse russe.
Entre classique et contemporain
Le travail du chorégraphe Boris Eifman est aux antipodes d’une telle approche. Sa démarche est celle d’un authentique créateur, qui a su se faire un nom bien au-delà de la Russie et de Saint-Pétersbourg, où réside sa troupe. Du New York City Ballet au Bolchoï, celle-ci est d’ailleurs régulièrement invitée à se produire sur les plus grandes scènes chorégraphiques internationales. Créée en 2005, Anna Karenina est l’un des fleurons de son répertoire. Adaptation du célèbre roman de Tolstoï sur une chorégraphie d’Eifman, on y voit à l’œuvre les talents d’un orfèvre de la danse, alchimiste du corps et de l’âme portant à un haut degré d’incandescence l’alliage d’un classicisme ciselé et d’une gestuelle contemporaine plus âpre. Au cœur de ce ballet qui raconte la descente aux enfers de son héroïne avec une vraie force expressionniste, bien au-delà d’une simple illustration narrative, le tout sur différents extraits musicaux puisés dans l’œuvre de Tchaïkovski, le personnage d’Anna Karenina frissonne de plus belle, dans tout son noir éclat. Devant son destin et la représentation qu’en donne Boris Eifman dans un style chorégraphique dense et fiévreux, on pense à ces mots du poète John Donne « A mes pleurs que jaillisse un céleste léthé / Pour qu’y sombrent mes fautes et leur noir apparat ». Ce ballet marque l’un des premiers jalons en amont de « L’Année de la Russie à Monaco » en 2015.
Salle des Princes au Grimaldi Forum le 13 septembre à 20h
www.grimaldiforum.com