Théâtre National de Nice

Bohemian Rhapsody
Passer au peigne fin la nouvelle saison du TNN (Théâtre National de Nice) et voir à quel point celle-ci s’annonce décoiffante, dans le sillage d’Irina Brook, sa nouvelle directrice…
En juillet dernier, allant par les villages alentour et les quartiers de Nice,Théâtre National de Nice elle emmenait ses comédiens en tournée locale avec un savoureux intermezzo, Une Odyssée, d’après Homère. Dans quelques jours, c’est un autre voyage qu’elle proposera, au détour de Peer Gynt, d’Henrik Ibsen, sa première mise en scène ici (du 25 septembre au 18 octobre). Une création emportée dans un tourbillon sans frontières entre des acteurs de tous horizons et des arts scéniques en délire, mêlant théâtre, danse, cirque, chant en une même représentation échevelée… Pour Irina Brook, la toute fraîche (et chaleureuse) directrice du Théâtre National de Nice (voir ci-après), l’art du spectacle, c’est une fête et un engagement. Du plaisir, des joies, des douleurs à partager. « Le théâtre est un foyer d’humanité, revendique-t-elle. A travers la personne d’un acteur sur la scène, on reçoit quelque chose d’intrinsèquement humain, on ressent de la compassion… Je veux faire passer tout cela à travers mon travail, une chaleur humaine… »
Théâtre en liberté
De bonnes ondes que l’on va retrouver à l’œuvre au cours de la nouvelle saison du TNN, concoctée par ses soins. Pour en donner la tonalité, Irina Brook parle d’un parfum d’aventure et de rêve. Et de fait, avec près d’une cinquantaine de spectacles à l’affiche, la programmation creuse le sillon d’un théâtre en liberté, cultive ses audaces, pour mieux faire entrer le public dans le vif de son sujet : l’émotion, rire et/ou larmes confondus au gré des représentations. « Mon idée fixe, confie la directrice du TNN, c’est un théâtre qui rayonne pour tous, qui puisse sortir de son cadre pour aller à la rencontre d’autres publics… J’ai longtemps rêvé d’une troupe qui partirait sur les chemins en roulottes, pour jouer un peu partout. Cette envie, je la canalise à présent, autrement, dans un endroit, le TNN. »
Les prochains rendez-vous du TNN
A l’affiche du TNN, 3 cycles de spectacle qui s’articulent autour de « festivals », comme les désigne Irina Brook. Ils rythment le déroulement de la saison et, en dehors de ces circuits, d’autres spectacles viennent également ponctuer le calendrier du TNN. Côté « festivals », ce sera d’abord « L’éMOI en scène », du 15 novembre au 14 décembre. On va voir là des artistes seuls en scène. Chanteurs comme Vincent Delerm pour Parallèles, un récital en forme de théâtre d’ombres (le 2 décembre). Magicien et bien plus dans la peau de Scorpène pour A l’envers (les 27 et 29 novembre). Acteurs comme Hovnatan Avédikian, l’un des plus proches collaborateurs d’Irina Brook (elle dit de lui qu’il est l’un de ses éclaireurs), pour un « one man Hov-show », Hov Show, où il se raconte (les 25 et 26 novembre). Beaucoup d’autres soirées à l’ordre du jour de ces rendez-vous…
Shakespeare comme elle respire !
Autre festival, « Shake Nice ! », consacré à l’auteur phare de la galaxie théâtrale de miss Brook, William Shakespeare. Ici, 7 productions font claquer les oriflammes du théâtre shakespearien à tous les vents d’un art dramatique incandescent, en dehors des sentiers classiques (du 28 janvier au 21 février). Parmi celles-ci, une version en hindi surtitrée en français de Twelfth Night (La Nuit des Rois), aux accents de Bollywood (du 11 au 14 février). Tout le sens de l’entreprise est là : faire de « Shake Nice ! » une caisse de résonance au génie de Shakespeare aussi follement libre et inspirée que celui-ci. Une caisse de résonance pleine de bruit et d’une fureur de jouer sans autre étiquette que l’invention, quelles que soient ses formes et son expression. Macbeth et King Lear, 2 des personnages « fous » du grand Will, sont eux aussi croqués à cette boulimie théâtrale réjouissante.
Le Printemps des femmes en clôture
Dernier festival au menu du TNN, Le Printemps des Femmes, du 20 mai au 5 juin. Soit 6 spectacles qui mettent en exergue un personnage féminin dans leur dramaturgie. C’est le cas de L’odeur des planches, de Samira Seda, où on aura le bonheur de voir en scène l’immense Sandrine Bonnaire (les 20 et 23 mai). Autre modulation, Elle brûle, de Mariette Navarro, inspiré de la Madame Bovary de Flaubert (les 27 et 29 mai). Enfin, Akasha, spectacle de danse indienne par Shantala Shivalingappa, clôture ce festival et la saison du TNN (le 5 juin).
Tutti frutti
Le TNN qui ne s’en tient pas là. Au-delà de ces 3 sessions théâtrales, il swingue d’avance, dans le sillage de la joyeuse parade qui va faire les 400 coups entre ses murs au fil des représentations. « Pas beaucoup de têtes d’affiches, s’excuserait presque Irina Brook, mais des spectacles drôles, beaux, émouvants, inspirants, pour tous… » Vous avez dit le triomphateur des derniers Molières, Le cercle des illusionnistes, d’Alexis Michalik ? La pièce sera jouée ici (du 14 au 18 janvier). Vous avez dit de la danse, avec Play de Shantala Shivalingappa et Sidi Larbi Cherkaoui entourés de musiciens live (du 19 au 21 mars), ou Coup fatal par KVS & les ballets de la C de la B (avec le chorégraphe Alain Platel en ligne de mire) (du 2 au 4 avril) ? Vous avez dit Kiss & Cry [NanoDanses], du ballet-théâtre pour mains de Michèle Anne de Mey et Jaco Van Dormael sur un texte de Thomas Gunzig (du 9 au 11 avril) ? Plus près de nous dans le temps, ce sera Bigre, de Pierre Guillois, du burlesque sans parole mais éclat de rire garanti (du 8 au 11 octobre) ou, dans un tout autre registre, celui du théâtre de marionnettes, L’homme qui plantait des arbres, de Jean Giono, par la talentueuse compagnie cannoise Arketal (Sylvie Osman et Greta Bruggeman en meneuses de leur troupe d’acteurs en chair et en os et de leurs créatures de fils et d’étoffe) (du 15 au 10 octobre). On le voit à travers cet aperçu, la nouvelle saison du TNN est vaste, diverse. Il n’y a plus qu’à frapper les 3 coups !
Retrouver tous les spectacles à l’affiche du TNN sur www.tnn.fr