Le musée du Louvre Abu Dhabi, ou quand les Émirats Arabes Unis s’offrent le luxe de la culture.
Un projet titanesque qui ouvira ses portes au publique en décembre 2015 et qui jusque là aura mobilisé plus de 83 millions d’euros d’investissements. Une idée rendue possible par un accord intergouvernemental signé en 2007 entre la France et les Émirats Arabes Unis. Ce Louvre bis sera l’épicentre d’un gigantesque district culturel en cours de constitution sur l’île de Saadiyat qui accueillera trois autres musées et un centre de spectacles. Découverte de ce projet hors norme.
Un joyau d’architecture
L’édifice, dont la construction a été confiée à l’architecte français Jean Nouvel, conjuque à merveille lignes caractéristiques de l’architecture arabe et modernité. Un espace de 64 000 m² singulier et original liant le dynamisme d’Abu Dhabi et les valeurs d’excellence incarnées par le nom du Louvre.
Pour tenter de donner une animation permanente et naturelle au musée, Jean Nouvel a misé sur le concept de la fragmentation de la lumière. La “pluie de lumière” tombant de la coupole tient du souvenir des claustras projetant l’ombre de leur géométrie sur les murs, des dais de toile et de canisses éclaboussant de lumière les ruelles citadines, dans le souk, des feuilles à travers lesquelles perce le soleil sous la palmeraie. Mouvante, tactile, cette ombre en éclat ouvre le bâtiment à “un jeu sur l’aléatoire, qui permet de doser la lumière en fonction des besoins du lieu”. De même, l’espace miroitant de l’eau entrant sous la coupole offre une vibration de la lumière qui se reflète sur la “peau” des bâtiments. Cette présence, cette ondulation permanente, rappelle l’importance et la valeur du plan d’eau dans l’architecture arabe. La nuit, le site sera au contraire “une oasis de lumière sous un dôme constellé”.
Le musée dispose d’une large coupole blanche de 180 mètres de diamètre qui couvre de dentelles un espace rythmé d’eau, d’œuvres d’art et de palmeraies comme celles rencontrées dans les recoins d’une médina. Avec son aspect tressé dans des feuilles de palmier, cette dentelle de lumières a pour fonction de filtrer les rayons du soleil afin de donner naissance à un microclimat hors du temps et poétique. Il s’agit bien d’une projection géométrique de lumières et d’ombres qui rappellent le moucharabieh. Cloisonné de murs en matières minérales et de structures transparentes, l’espace offre une impression de sérénité, de calme et de volupté. Un magnifique écrin qui promet aux visiteurs un voyage à travers les cultures et le temps.
Un musée de niveau mondial
Le Louvre Abu Dhabi ne se restreindra pas à l’histoire de la culture arabe mais souhaite au contraire témoigner de toutes les cultures, mettant en évidence la diversité qui retrace toute l’histoire du Moyen Orient.
Tout un programme qui proposera des collections retraçant la naissance de la civilisation et l’archéologie, suivi par l’Antiquité et la période médiévale. L’époque classique de l’humanisme aux Lumières viendra par la suite puis l’art contemporain et moderne. Enfin, la collection permanente du musée sera régulièrement enrichie de prêts de musées du monde entier et d’expositions temporaires. La France prévoit d’ors et déjà un prêt de 300 oeuvres majeures.
En se dotant d’un musée d’une telle envergure, capable à terme de rivaliser avec les grandes institutions mondiales, les Émirats Arabes Unis affirment leur volonté de placer Abu Dhabi parmi les grandes villes culturelles.
Ce nouveau musée marque également le début d’une relation culturelle privilégiée avec la France qui s’est engagée à partager son expérience, son savoir-faire et une partie de son patrimoine plurimillénaire.
Avec ce contrat, la France récoltera plus d’un milliard d’euros auprès des Émirats, dont 400 millions d’euros pour la seule diffusion du nom Louvre, sur 30 ans et 6 mois.