Musée Jean Cocteau : Les dessins d’un enfant terrible

Il fut un Orphée des temps modernes. Au musée de Menton qui porte son nom, Cocteau revit à travers son œuvre dessinée. Magistral.

 

 Ici la blancheur prédomine. L’architecture, les voilages, deux grands écrans de projection. L’espace semble flotter dans le plasma d’un long rêve infini. Nous sommes au musée Cocteau, à Menton.

 

Le Musée Jean Cocteau à Menton

 

On s’y déplace, comme si l’on évoluait dans une autre dimension, faite d’un bloc de nuit blanche. Celle du maître des lieux. Du poète d’Opium et du Cap de Bonne-Espérance. Celui qui, dans son plus beau film, La Belle et La Bête, faisait dire à la créature jouée par Jean Marais “ma nuit n’est pas la vôtre. Il fait nuit chez moi, c’est le matin chez vous…”. Oui, nous voilà au cœur des mystères et de la magie de Jean Cocteau.

 

 Jean Cocteau, Livre Blanc Frontispice de la deuxième édition anonyme (Paris, Editions du Signe, 1930), illustrée par Cocteau 

 

Devant nous, ses dessins, certains parmi les plus envoûtants de son œuvre, déroulant le fil d’une manière de labyrinthe mental. L’écheveau en direct des arcanes de sa création. “Je décalque l’invisible… Déranger les anges !” peut-on lire dans un des poèmes mis en exergue pour l’exposition. Une entrée en matière éclairante pour dire, suggérer, raconter les affres et les éblouissements de Cocteau chercheur d’art.

 

 Jean Cocteau, Planche illustrée extraite de l’ouvrage “le Secret professionnel”, 1925 

 

 

Jean l’Oiseleur

“La fausse beauté se tient assise sur un trône de velours et d’or. La vraie beauté penche atrocement sur le vide comme un clown magicien jouant de la mandoline en haut d’une pile de chaises.”, écrit-il à même un dessin de la série signée Jean l’Oiseleur.

 

Jean Cocteau, Tête d’Orphée, 1926

 

Sous cette appellation, tout un ensemble de somptueux autoportraits, où les mots sinuent à côté des traits dessinés sur la feuille. “Les poètes ne dessinent pas. Ils dénouent l’écriture et la renouent ensuite autrement.”, propose Cocteau en guise d’explication de ces prodiges exécutés, à l’encre brune, aux pastels secs, à la pointe de sa plume.

 

Jean Cocteau, Orphée (Vitrier)

 

L’exposition y trouve les ondes d’une sidération radieuse devant les sortilèges de l’artiste. Ponctuée d’extraits de ses films, elle donne à voir un Cocteau, sentinelle hallucinée aux portes de l’inconscient et d’un imaginaire riche des mille et un songes chers à l’auteur du Discours du Grand sommeil. Vous avez dit hypnotique ?

 

 

 

Titre de l’exposition : Les univers de Jean Cocteau, jusqu’au 2 novembre au musée Cocteau.

 

www.museecocteaumenton.fr