Charlotte Colt, une vie en couleurs

Cette ancienne chef de projet chez Dior de culture franco-américaine - papa new-yorkais, maman niçoise - a tout plaqué en 2019 pour se lancer en tant qu’illustratrice et artiste, et revenir vivre à Nice, la ville de son enfance. Carton plein !

Elle dessine depuis l’enfance - qu’elle a passée à Nice - toujours entre deux déménagements : « Mes parents achetaient et revendaient nos appartements pour faire de la plus-value immobilière dans le quartier du Port, autour du boulevard Franck Pilatte. » Grâce à son père galeriste, Charlotte parcourt les musées et lit beaucoup (la télévision lui est interdite) : « Sur la Côte d’Azur, il y a moins de musées qu’à Paris, mais ils concentrent les plus grands artistes et chefs d’œuvres. J’étais happée en permanence par ce puits de couleurs infini. J’ai passé une enfance très heureuse et multiculturelle avec ma sœur et mes parents qui nous embarquaient dans leurs voyages, des États-Unis à l’Asie… Ils nous stimulaient sans cesse intellectuellement, artistiquement… La couleur nous accompagnait partout ! »

 

Après une classe préparatoire littéraire au Lycée Massena à Nice, une grande école de commerce à Grenoble et un master à l’Institut Français de la Mode à Paris, Charlotte travaille pour Dior et monte une exposition d’œuvres itinérante entre Paris, Shanghai et Tokyo, racontant le passé artistique du célèbre designer, qui fut galeriste avant d’être couturier. Elle devient freelance dans la communication et l’évènementiel, notamment pour l’Opéra de Paris et l’atelier Lum, spécialisé dans la direction artistique. « J’étais le chef d’orchestre d’une équipe créative, et le fait de les voir imaginer sans cesse des plans et des nouveautés pour les plus grandes maisons m’a donné envie de reprendre pour de bon le papier et le crayon que j’avais délaissés, happée par ma vie de mère de deux enfants. »

 

En 2019, Charlotte s’inscrit aux Beaux-Arts de Paris et étudie une technique ancestrale de reproduction de dessin particulièrement rigoureuse. « Quand j’ai dessiné mes propres imprimés, j’ai su que c’en était fini pour tout le reste. Je ressentais un appel du ventre, du cœur, un amour fou pour les encres. » Durant la pandémie de Covid-19, elle se confine avec son mari et ses enfants chez ses parents à Nice. Mais de retour à Paris, Charlotte se morfond : « J’avais des crises de tristesse, des larmes qui ne s’arrêtaient plus, un mal de terre profond de ne plus voir de ligne d’horizon. J’essayais de combler ce manque par la vie muséale parisienne, mais cela ne suffisait plus. J’avais besoin des odeurs, de la mer… J’ai quand même été biberonnée à la petite cuillère d’eau de mer ! »

 

© DR

Le couple décide donc de s’installer à Nice, dans l’effervescent quartier de la Place du Pin, proche du port. Son mari trouve un emploi et Charlotte s’occupe des enfants. Durant leurs siestes, elle dessine sans relâche et poste les résultats sur Instagram, qui deviennent viraux. Son style ? « Je suis profondément nourrie par le travail des artistes inspirés par la Riviera : les papiers découpés de Matisse, les tatouages de Cocteau… J’aime dessiner les profils des visages, les corps, les scènes de vie de mon quotidien… dans une abstraction colorée. » Ses premiers tirages se vendent bien, et grâce à son réseau parisien, Charlotte est repérée pour effectuer des « live drawings » (réalisation de dessins en direct, NDLR) pour différentes marques : Dior Joaillerie, Schiaparelli, Gucci, Gisou… Les formats et la technique varient : crayon, aquarelle, feutre, sur carte postale, grands papiers et fresques monumentales, comme la constellation azuréenne de douze mètres de long réalisée en collaboration avec l’artiste Alice Vande Walle pour le Maybourne Riviera. Pour le bistrot-bar à vin « Les Œillets », située dans le quartier des antiquaires à Nice, elle représente des profils peints en noir. Une seconde fresque réalisée au marqueur rend hommage aux chenins et au bon vin.

Même le musée des Beaux-Arts de Nice l’invite à illustrer son exposition « Fleurs d’artifice » en 2022. Pour le vernissage, elle réalise en direct une fresque au pastel, inspirée des œuvres présentées. Les succès s’enchaînent ! Pour l’horloger de luxe Vacheron Constantin, elle repense les vitrines de la boutique monégasque via des créations inédites. Chacun des tableaux, par un dessin filaire onirique réalisé à main levée, devient un hommage aux savoir-faire de la Maison et à la Riviera. On y lit un visage d’artisan, l’intelligence de la main, ou encore les cieux étoilés des montres à complication phase de lune. La marque française de prêt-à-porter « Drôle de Monsieur » lui confie le soin de créer des motifs pour leur collection printemps-été 2023. Chaque dessin a été réalisé à main levée à l’encre de Chine. Pour Guerlain, elle dessine l’identité visuelle d’un voyage de presse, et pour les collections joaillières de la marque niçoise D1928, spécialiste de la perle de culture, elle crée des illustrations inspirées des plus beaux spots de la ville.

 

Charlotte Colt touche à tout et dessine des chaises en sycomore massif réalisées par Valère Jasson, menuisier ébéniste, et sur les céramiques d’Inès Angelini, créatrice de la marque azuréenne « Umami », qui célèbre la beauté naturelle et authentique de la terre. Charlotte les pare de tonalités naturelles évoquant les cordages marins, de formes organiques de la faune et flore des rivages, de femmes sirènes et de muses, d’objets qui évoquent le patrimoine de la Riviera, monde fantasque, fleuri, pur… comme un rêve. « Ce qui m’inspire sur la Côte d’Azur, ce sont les couleurs, la plage, les gens… On a ici un défilé de personnalités différentes particulièrement inspirantes : des niçois et des parisiens en goguette qui viennent passer le week-end. Je m’enivre des odeurs, de la couleur des murs, des volets… Rien ne me plaît plus que de contempler la mer, aux nuances roses ou violacées selon l’humeur du temps. Dans le Sud, j’ai l’impression de laisser aller mes émotions en couleurs ! On ressent tout avec exaltation et on est transpercé, ébloui en permanence ! Souvent, je travaille à l’encre le soir, et des couleurs animales instinctives me parviennent, des roux, des orangés, des marrons, ou des bleus profonds évoquant la Girelle Paon, un des plus beaux poissons de Méditerranée. Je nage beaucoup en mer, armée de mon masque et de mon tuba, pour observer l’écosystème local, rempli de couleurs. Puis, je lève la tête et j’observe le ballet de plumes des mouettes, des cormorans et des perruches qui traversent le ciel dans un jet de couleurs ! Parfois, c’est presque « junglesque », comme une peinture du Douanier Rousseau. Ce mélange d’écailles, de matières végétales et animales, me nourrit en permanence, tout comme lorsque je vais dans l’un de mes restaurants favoris. Je savoure le goût et les couleurs veloutées d’une pêche, ou la magie de l’or qui coule dans mes doigts, lorsque je trempe mon pain dans l’huile d’olive ! »

Façade extérieure d'un restaurant avec une devanture vitrée et une enseigne lumineuse. Photo de Cedou.
© Feuilletons
Bar avec des tabourets en cuir, éclairage doux et détails en métal doré. Photo de Cedou.
© Fabio Galatioto

 

Atelier Charlotte Colt x Studio Lelaz

8 rue Martin Seytour, Nice

Contact et commandes : charlotte.colt@gmail.com

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Photo cover : © Fabbio Galatioto

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